• Voir : Tridon x Guyard

     

    Edme TRIDON a grandi dans une famille où tous les hommes sont jardiniers de père en fils. Edme est le seul qui entre «en justice» en occupant, à la sortie de la révolution française, un poste de secrétaire de justice de paix à Poinçon puis il monte dans l’échelle sociale et devient huissier royal. Il vit confortablement et sa situation financière lui permet d’acquérir quelques terres.

    Le confort de sa vie serait parfait si Edme, maintenant âgé de 56 ans et veuf depuis douze ans, pouvait se remarier. En 1817, il va trouver sa future femme en la personne de Jeanne DIDIER de dix ans sa cadette, elle-même veuve d’Edme MARCHANDISE, de son vivant maître de pension à Poinçon, décédé l’année précédente. Jeanne est née à Ricey Haute Rive le 25 Avril 1771, fille de Jean-Baptiste DIDIER et de Marie Françoise GALLAND. Une petite Victoire Antoinette maintenant âgée de deux ans est née de cette union.

    En prévision de leur mariage, les bans sont publiés. Le dimanche 20 juillet 1817 le premier ban est affiché devant la porte principale de la maison commune. Le deuxième ban le sera quinze jours plus tard soit le dimanche 3 Août 1817.

    Aucune opposition à ce mariage n’ayant été signifié le 6 Août 1817 avant midi, Edme et Jeanne se présentent avec leurs familles, témoins et amis, devant Nicolas PROFILLET Maire de Poinçon, pour se marier. La noce s’installe dans la maison commune pour entendre Monsieur le Maire unir civilement les futurs époux, selon le chapitre 6 du Code Civil. Les pieds de chaises ont cessé de racler le parquet, les bavardages et toussotements se sont tus et la voix grave de l’Officier de l’Etat Civil s’élève devant un auditoire devenu attentif. Après avoir donné lecture des actes de naissances des futurs époux, des actes de décès de leurs précédents conjoints et s’être assuré qu’il n’y avait aucune opposition il demande à Edme et Jeanne s’ils veulent se prendre pour mari et pour femme…..

    Dans l’assistance le silence est profond, chacun des invités ne voulant pas manquer d’entendre le «oui» fatidique. Après, ils iront festoyer autour de ce délicieux repas de noces qui les attend. La journée sera belle, les musiciens feront danser les couples pendant que les anciens se rappelleront les campagnes napoléoniennes et que les enfants joueront ensemble à grand renfort de cris. Pour sur, ce sera un beau mariage !

    Pour l’instant, les futurs époux ayant répondu séparément et affirmativement, le Maire déclare Edme TRIDON et Jeanne DIDIER unis par le mariage.

    Alors me direz-vous ? Tout est bien qui fini bien ! Et bien pas vraiment car les dernières lignes de l’acte de mariage sont stupéfiantes. Lisez plutôt :

    «…Au moment de consommer le mariage, les parties se sont déclarées réciproquement dégagées  du projet de mariage et l’acte demeure nul  -  N. PROFILLET, Maire de Poinçon»

    Aucune signature ne figure en bas de l’acte hormis celle du Maire.

     

    Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Dispute ? Mauvaise farce ? Révélation scandaleuse ? Consanguinité cachée ?

    Il existe peut-être un début de réponse…. 

    Il faut attendre vingt ans,  lorsque Jeanne meurt en 1837.  Un certain Edme TRIDON déclare son décès. Il est âgé de 45 ans il est jardinier de métier et cousin de la défunte ! Tiens, tiens, voilà qui est intéressant !

    Il se révèle être le fils de François TRIDON, frère du marié. Cela veut-dire qu’il est en même temps le neveu d’Edme TRIDON (le marié) et le cousin de Jeanne DIDIER. Y aurait-il eu une consanguinité non déclarée voire non connue des époux ?  La question reste posée.

     

    EPILOGUE :

    Edme TRIDON ne s’est jamais remarié.

    Jeanne DIDIER convole à nouveau le 24 Mai 1819 avec Pierre LECOINT.

     





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